• Politique cyclable en trompe-l’œil

    À la lecture du dernier article sur les modes doux dans Vienne Aujourd'hui, le mensuel de la Mairie,  on se demande si sa rédaction n'a pas été confiée à un 'bot'1 en cours de réglage.

     Fake news, approximations, vocabulaire impropre, tout cela pour persuader ses lecteurs que Vienne agit pour le vélo. L'article débute ainsi: 

    La pratique du vélo représente aujourd'hui 5% des déplacements en France et ce chiffre est en constante augmentation.

    Ce chiffre est fantaisiste. D'après la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB), la France atteint péniblement 2 à 3% de part modale vélo. Certaines villes de la région, telles que Grenoble ou Chambéry qui ont de longue date une politique cyclable volontariste, affichent des taux allant de 4 à 6%.  À Vienne, la dernière enquête déplacements de 2015 révèle que la part modale vélo est de 0.6% alors que près de la moitié des trajets sont inférieurs à 3 km!

    Emporté par son élan et en roue libre, l'auteur déclare que la "Ville est engagée de manière forte dans ce domaine en proposant de nombreuses réalisations" et qu'elle "étoffe son réseau cyclable de plusieurs tronçons aménagé dans différents secteurs". En fermant les yeux, on se croirait presque en terre batave. Mais les exemples mentionnés juste après nous ramènent vite à la réalité.

    Sont mentionnés pêle-mêle la voie verte quai Riondet (2014), un double-sens cyclable quai Riondet2 (2015), les sas vélo place Pierre-Semard (2017) et les cédez le passage cycliste au feu à l'intersection du cours Brillier et du cours de Verdun (2017).

    Voilà donc que les derniers aménagements remontent à 2017, sous l'impulsion notamment du Conseil de Développement3. Depuis, rien. Et cela commence à se voir, ou plutôt à disparaitre à certains endroits:

    Rue Victor Hugo: sas vélo en voie de disparition

     Cours de Verdun: bande cyclable fantôme

    Et puis l'article consacre ses 20 dernières lignes - environ 40% de l'article - à l'un des équipements les plus répandus de la ville: les box et autres consignes vélos qui offrent la possibilité aux usagers de garer en toute sécurité leur précieuse monture. Car voilà comment on affectionne le vélo, à Vienne: sagement remisé.

    Mais il serait injuste de ne pas mentionner ce qui mobilise toute l'attention de nos décideurs en matière d'aménagement cyclable:  la voie verte des quais avec ses 1.4 km de cheminement piéton et vélo le long du Rhône.   Si cet aménagement toujours en construction est plutôt une bonne nouvelle pour les cyclistes, on constate que ce fleuron sert davantage d'alibi à une véritable politique cyclable.

    Car dans le même temps, les infrastructures existantes vieillissent mal ou sont inadaptées pour une circulation à vélo en toute sécurité. Elles sont parfois tout simplement inexistantes, comme en centre-ville où des cyclistes sont régulièrement en infraction faute de double-sens cyclable ou de cédez le passage au feu. Elles sont en mauvais état voire dangereuses à l'image de la bande cyclable avenue général Leclerc où les véhicules en stationnement débordent allégrement sur l'espace vélo.

    Les solutions existent. Le cadre législatif aussi. Mais on préfère se gargariser d'un petit joyau à 3 millions d'euros qui bordera l'une des artères les plus bruyante et les plus polluée de Vienne. Il est peu probable que cette nouvelle voie verte fasse évoluer la part modale du vélo tant sont ignorées les problématiques d'aménagements cyclables, d'apaisement de la vitesse et du choix rétrograde du tout voiture en centre-ville.

     

    1. bot: robot-rédacteur

    2. Le seul spécimen en centre-ville. Un autre double-sens cyclable a été aménagé Chemin Noir à Vienne.

    3. Conseil de Développement


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