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Le vélo: grand oublié des politiques locales en faveur du climat
La nouvelle livraison de Vienne aujourd'hui consacre son dossier au dérèglement climatique avec l'intention affichée "d'agir vite et fort". Si l'essentiel du dossier porte sur la production d'énergie renouvelable, la fin mentionne quelques écogestes du quotidien dont les modes doux de déplacement ne font visiblement pas partie.
Il n'est pourtant pas inhabituel de voir des vélos illustrer les articles de cette publication mensuelle, mais cette fois-ci, pas l'ombre d'une bicyclette. Dans ce dossier de 3 pages consacré aux réponses qu'apportent la commune et Viennagglo aux enjeux climatiques, pas une seule ligne n'est consacrée aux mobilités actives comme l'une des solutions au problème des déplacements énergivores et polluants en ville.
Si l'on apprend notamment que la commune, Viennagglo et Advivo favorisent l'utilisation de véhicules hybrides ou électrique (32 véhicules sur 268), il n'en reste pas moins que le nombre de véhicules de ces 3 collectivités est en augmentation (+10 véhicules). Ceci n'est pas de nature à encourager les citoyens à utiliser d'autres modes de déplacement et ces véhicules supplémentaires ne manqueront pas d'encombrer un peu plus les rues de Vienne.
Pourtant on peut lire qu'un:
"Guide des écogestes" a également été élaboré avec le personnel municipal en juillet 2015. Il recense et incite aux bonnes pratiques du quotidien pour limiter la consommation énergétique. Des pratiques qui s'accompagnent d'engagements et de moyens forts, dont la mise en place d'un service d'autopartage avec des véhicules hybrides, au développement unique en Nord-isère. "
Cette éco-gesticulation consiste donc à remplacer les voitures par...des voitures et tant pis pour la congestion des rues de Vienne et la pollution atmosphérique qu'elle engendre. Pour 2015 et 2016, la pollution aux particules fines (PM10) relevée par la station du centre-ville était de 23µg/m3 sur l'année (la recommandation de l'Organisation Mondiale de la Santé est de 20µg/m3 ). Plus préoccupant, sur cette même période, la pollution aux PM10 a dépassé la valeur cible de 50µg/m3/24h plus de 14 fois en 2015 (dépassant le seuil d'alerte le 20 mars avec une mesure à 117µg/m3) et 11 fois en 20161. Ces résultats se situent donc au-dessus des recommandations de l'OMS qui précise que:
"Même à faible concentration, la pollution aux petites particules a une incidence sanitaire; en effet, on n’a identifié aucun seuil au-dessous duquel elle n’affecte en rien la santé. C’est pourquoi il était préconisé dans les lignes directrices de 2005 d’œuvrer à limiter au maximum les niveaux de concentration en particules en suspension."2
Quant aux objectifs, ils sont annoncés dès les premières lignes du dossier: "atteindre l'équilibre énergétique (sic) sur tout le territoire à l'horizon 2050, c'est à dire que la création d'énergie renouvelable soit égale à la consommation, pour les 3 organismes publics comme pour les particuliers et les entreprises." (Pour rappel, lors de la COP21 la France s'est engagée à produire 32% d'énergie renouvelable d'ici 2030). Donc la barre est haute et au delà de l'approche techniciste et écogestuelle, "Agir vite et fort" en faveur du climat ne pourra se faire sans réelle action en faveur des mode doux de déplacement à l'échelle de la ville et du territoire.
2. Qualité de l'air ambiant et santé - OMS
Tags : climat, pollution, politique
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