• Faut-il imposer le port du casque?

    Faut-il imposer le port du casque?

    A la suite d'un comité interministériel de la sécurité routière présidé par Manuel Valls, ce dernier a annoncé une mesure qui intéressera nos plus jeunes cyclistes et leurs parents. 

     

    L'une des mesures annoncées pour faire baisser le nombre de morts sur les routes est de rendre le port du casque obligatoire pour les enfants à vélo de moins de 11 ans. Cette décision ne manquera pas de raviver le débat entre les fervents défenseurs du casque et ses opposants acharnés, convaincus que la sécurité du cycliste urbain ne se situe pas à ce niveau. 

    Tout d'abord, il semble acquis qu'en cas de chute ou collision à vélo entraînant des blessures, le casque joue son rôle d'amortisseur et diminue de façon significative la gravité de ces blessures au niveau de la tête1. Encore faut-il que le casque soit bien adapté à la morphologie de celui qui le porte et correctement attaché. 

    Certains pays ont été précurseurs dans ce domaine. C'est le cas de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande qui ont rendu le casque obligatoire pour tous les usagers dans les années 90. Le bilan de cette politique est très négatif. Le premier effet de cette loi a été de dissuader un nombre important de personnes d'utiliser le vélo comme mode de déplacement quotidien, avec une réduction de 40 à 80% chez les enfants de 12 à 15 ans2

    Les études qui ont suivi ont montré que si les admissions pour traumatismes crâniens ont diminué suite à ces lois, c'est davantage l'effet combiné d'une diminution générale des accidents et d'une diminution du nombre des cyclistes (-30%), découragés par ces mêmes lois. 

    Autre effet pervers, un nombre de cyclistes en baisse augmente leur insécurité sur la voie publique3. Les chiffres pour l'Australie montrent qu'à la suite de ces lois, le nombre de blessures à la tête chez les cyclistes a diminué plus faiblement que chez les piétons pendant la même période. La présence en nombre de cyclistes et de piétons dans les rues rendent leurs déplacements plus sûrs, dû au fait que les automobilistes s'habituent à cohabiter avec ces modes de déplacement et adoptent une conduite plus prudente. 

    Enfin, une étude britannique4 a étudié le comportement d'automobilistes confrontés à des cyclistes portant un casque. Sur plus de 2500 dépassements, l'étude a révélé que la distance de sécurité était inférieure d'environ 10 centimètres quand le cycliste était casqué. L’enquête en conclut que l'absence de casque est perçue comme une plus grande vulnérabilité et incite les usagers motorisés à plus de prudence lors des dépassements. 

    Même si le casque peut offrir une protection non négligeable lors d'une chute, l'imposer par la loi a été contre-productif dans plusieurs pays. Dans une période où l'on cherche à privilégier d'autres modes de déplacement plus respectueux de la santé et de l'environnement, une telle mesure risque d’entraîner une désaffection pour le vélo sans pour autant diminuer les risques pour les cyclistes. Ce genre de décision relève donc davantage de la gesticulation gouvernementale que d'une réelle politique en faveur du vélo. 

     

    1. Cyclistes Victimes d’Accidents. Effet du casque sur les blessures à la tête, 2011

    2. Head injuries and helmet laws in Australia and New Zealand, 2012 

    3. Safety in numbers 

    4.  Wearing helmets "more dangerous", 2006 

     


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